Le compte à rebours est lancé : dès le 1er janvier 2025, les limites d’émissions de gaz à effet de serre imposées par la réglementation environnementale 2020 (RE2020) subiront une réduction notable. Une baisse moyenne de 15 % est programmée pour les émissions liées aux produits de construction et aux équipements (indice Icconstruction). Cette avancée appelle à une révision profonde du mode de calcul de l’impact carbone des systèmes de chauffage, ventilation, climatisation (CVC), et des installations électriques. Cet impact, précédemment évalué forfaitairement pour les bâtiments tertiaires, devra de plus en plus souvent être calculé de façon détaillée pour pouvoir être minimisé.
Le poids croissant des équipements techniques
Dans le sillage d’une réduction marquée de l’empreinte carbone des structures et des lots d’enveloppe et de finitions, l’impact des équipements techniques (CVC, plomberie, électricité) devient prédominant, représentant 40 % à 50 % de l’empreinte carbone totale des constructions, dont près de 28 % pour le CVC seul. Ce domaine représente donc un potentiel considérable pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre, une perspective qui suscite l’enthousiasme des professionnels.
En quête de données environnementales précises
Pour parvenir à cette optimisation, l’accès à des données environnementales détaillées sur les équipements de génie climatique est essentiel. Actuellement (fin mai 2024), la base de données INIES compte moins de 650 fiches environnementales dans cette catégorie, dont seulement 380 sont des données spécifiques, produites par les industriels et propices à une réelle amélioration. Le reste se compose de données environnementales par défaut (DED), émises par le CSTB, qui se révèlent pénalisantes pour les constructeurs et, ultimement, pour les maîtres d’ouvrage. Plus alarmant encore, parmi ces données spécifiques, une infime partie est adaptée aux bâtiments tertiaires, le reste visant le secteur résidentiel.
Écoconformité : la pression monte…
Il est donc crucial d’inciter les fabricants d’équipements de génie climatique à fournir des données environnementales spécifiques pour leurs produits, facilitant ainsi la conformité des bâtiments tertiaires à la réglementation dans un délai de six mois. L’État doit également envisager des mesures incitatives pour stimuler la production de ces données, alignant de ce fait les acteurs du bâtiment sur les objectifs décroissants de la RE2020.
L’urgence est palpable, sachant qu’il faut plusieurs mois à un fabricant pour développer les Profils Environnementaux de Produit (PEP) avant leur intégration dans la base INIES, et que les producteurs de données signalent déjà une saturation dans la vérification et la publication des informations existantes.
De plus, les fabricants doivent prendre conscience que les pionniers dans la production de PEP pour une catégorie d’équipements se verront octroyer un avantage concurrentiel notable à court et moyen terme.
En tant qu’acteurs dédiés à la conception de bâtiments écoresponsables et à faible empreinte carbone, nous nourrissons chez Egis l’espoir que l’élan de création et de partage des PEP s’intensifiera dans les prochains mois, permettant une meilleure intégration des métiers techniques dans la stratégie de décarbonation des bâtiments, au profit de tous les intervenants.