Des fondations qui captent l’énergie du sol pour assurer le confort thermique des bâtiments ? La technique est toute nouvelle en France et fait ses premières preuves à Tours, sur le projet du centre de maintenance du tramway urbain.
Tours Métropole Val de Loire dispose depuis 2013 d’une ligne de tramway de 15 km. L’entretien et le remisage des rames sont réalisés dans le centre de maintenance à l’extrémité nord de la ligne. Ce bâtiment a nécessité de profondes fondations car le sous-sol se compose de couches successives de remblais. 500 pieux en béton de 15 mètres de longueur ont été nécessaires. Le cabinet d’architectes L’Heudé et L’Heudé (Orléans) et Egis, ont choisi d’utiliser ces fondations pour capter l’énergie du sol et la restituer à l’intérieur sous forme de chaud ou de froid. La technique est encore nouvelle en France où les capteurs géothermiques sont plutôt installés dans des aquifères ou dans le sol.
54 pieux thermoactifs.
Les 54 pieux thermoactifs sont placés tous les 10 mètres, sous les 2500 m² de la zone de bureaux, correspondant à la partie du bâtiment supportant le moins de poids. Les autres pieux de fondation, situés sous le hall de maintenance des rames (4000 m²), exposés à des contraintes bien plus importantes, ne contiennent pas de tuyau de captage d’énergie pour ne prendre aucun risque vis-à-vis de leur solidité. Dans un pieu thermoactif, l’eau circule en circuit fermé. Elle puise les calories du sol en hiver et les restitue en été pour régénérer la charge énergétique du sol. La présence d’un double circuit s’explique par la nécessité de fonctionner en simultané. Car en hiver, il peut arriver qu’un rafraîchissement localisé soit nécessaire dans les bureaux et les salles de réunion de ce bâtiment très bien isolé.
Chaufferie « en cascades ».
Les pieux thermoactifs sont reliés à une thermo-frigo pompe (TFP) qui constitue le premier élément d’une chaufferie « en cascades ». Pendant une grande partie de l’année, elle couvre l’ensemble des besoins en chaleur des bureaux et des ateliers (ces besoins ont été mutualisés).
En hiver, cette TFP chauffe seulement les bureaux alors que le reste du bâtiment utilise la récupération de chaleur d’une pompe à chaleur (PAC) eau/eau qui rafraîchit la salle informatique du poste de contrôle. Enfin, le troisième niveau de la cascade est composé par une chaudière gaz à condensation qui fonctionne lorsque la PAC de la salle informatique ne tourne pas et aussi pour fournir l’eau chaude sanitaire. La diffusion de la chaleur dans les ateliers est assurée par des panneaux rayonnants au plafond.
Label BBC pour l’ensemble du bâtiment.
Au départ, nous visions le label BBC (garantie d’une facture énergétique minimale) pour la partie « bureaux » seule. Mais la mutualisation des besoins et des équipements, notamment la PAC reliée à la salle informatique, a permis d’atteindre les 30 kWh/m²/an pour l’ensemble « bureaux + ateliers ». La production électrique des 1600 m² de panneaux photovoltaïques en toiture contribue aussi à cette bonne performance.