Pour faire face aux grands défis sociétaux, nous devons tirer parti des possibilités nouvelles offertes par les technologies 4.0 pour imaginer de nouvelles solutions et embrasser des sujets de grande complexité. Dans le même temps, le numérique a une forte empreinte environnementale et doit également se transformer. Il nous faut donc inventer un nouveau modèle de prospérité qui combinera la technologie et d’incontournables évolutions de comportement et d’usages au service de la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité et l’amélioration du cadre de vie des populations.
Réinventer l’acte de construire avec l’écoconception et le jumeau numérique
L’ambition du groupe d’Egis est d’être un acteur de référence des infrastructures intelligentes et durables au service de la lutte contre le changement climatique et de l’amélioration du cadre de vie des populations. C’est ainsi que nous définissons notre raison d’être. Les enjeux environnementaux et numériques sont ainsi au cœur de notre stratégie de développement que nous avons appelée ‘Impact the Future’.
Il nous faut, au regard des grands défis environnementaux, réinventer l’acte de construire. Le numérique est un de ces leviers.
En phase conception, seule la représentation numérique de l’ouvrage permet d’avoir des approches vraiment systémiques et de faire des simulations suffisamment sophistiquées pour explorer de nouvelles clés d’optimisation au regard des exigences environnementales. C’est ce que nous appelons l’écoconception.
A titre d’exemple, la conception environnementale de la rénovation de la Tour Montparnasse : une rénovation positive et bas carbone. La tour désamiantée aura diminué par dix sa consommation énergétique par rapport au projet d’origine. Elle sera la première tour éolienne du monde captant l’énergie du vent et réduisant au maximum la ventilation mécanique, avec une façade ultraperformante qui intègre, dans son épaisseur, un principe inédit de ventilation naturelle. La conception de cette enveloppe a nécessité des simulations poussées.
Une fois l’ouvrage physique construit, son jumeau numérique va permettre un monitoring fin en temps réel et donc une meilleure compréhension de son comportement et des usages. Il va également permettre d’assurer dans le temps le suivi des performances bas carbone et d’efficience énergétique et ce, sur tout le cycle de vie des ouvrages.
C’est ainsi une véritable ingénierie numérique qui se développe pour des ouvrages bas carbone et adaptés au climat d’aujourd’hui et de demain.
Climat : agir tant sur l’atténuation que sur l’adaptation
Au-delà de l’écoconception, le renforcement de la résilience des infrastructures et des territoires est, lui aussi, devenu une préoccupation majeure de notre temps. Inondations, incendies… les événements climatiques extrêmes s’intensifient. Là encore, les nouvelles technologies 4.0 (big data, intelligence artificielle…) nous offrent des clés pour mieux appréhender des phénomènes complexes, interconnectés en vue d’anticiper et de mieux se préparer aux crises. A titre d’exemple, nous avons développé l’outil ROSAU, dédié à la résilience urbaine. L’outil permet d’étudier les interdépendances des services urbains afin d’identifier les effets dominos possibles entre les réseaux électriques, d’eau, de télécommunications, de transports, au regard d’aléas climatiques extrêmes et de définir des mesures préventives dans une démarche de gestion intégrée des risques.
Une autre problématique de plus en plus prégnante dans nos villes est le phénomène bien connu d’îlot de chaleur (ICU), en grande partie dû à l’artificialisation à outrance de nos sols urbains et qui s’accentue en période estivale. Nos équipes ont ainsi développé ICETool, un outil de calcul qui permet d’étudier, modéliser et traiter plus efficacement (et plus rapidement !) ce phénomène que par des méthodes traditionnelles.
En permettant la modélisation du phénomène d'ICU, ICETool est une aide à la conception. L'outil étant réalisé en SIG, il est également possible d'y ajouter des couches pour faire croiser le carte des ICU avec, par exemple, la cartographie des populations à risque ou des zones exposées à d'autres risques comme les inondations.
Innover en mariant les disciplines
Enfin, nous menons une politique d’innovation volontariste pour imaginer de nouvelles solutions et de nouveaux modèles économiques :
- Seaboost, start-up Egis qui propose des solutions proactives pour la biodiversité marine. Parmi ces solutions, il y a des éco-récifs artificiels qui vont offrir un habitat de substitution aux espèces en attendant que le milieu naturel se régénère. Ces éco-récifs artificiels sont réalisés par fabrication additive 3D (XtreeE) car seul le numérique permet de reproduire la complexité architecturale extrêmement sophistiquée d’un récif naturel. C’est une belle alliance du génie écologique, de l’ingénierie numérique et du biomimétisme !
- Cycle Up : marketplace dédiée au réemploi des matériaux de construction. Les matériaux représentent 56 % de l’impact carbone d’un bâtiment et 70 % de la production de déchets en France. La marketplace met en relation les acteurs de la filière de façon à pouvoir réemployer des matériaux issus d’un chantier de démolition pour un chantier de rénovation ou une nouvelle opération. Un bel exemple d’économie circulaire!
- Enfin, Soil.is, notre solution la plus récente et dédiée à la séquestration du carbone dans les sols. Le sol est en effet un des principaux réservoirs naturels de carbone, s’il est en bonne santé. L’objectif est de pouvoir, grâce à la technologie, évaluer rapidement le potentiel de séquestration carbone d’un foncier et de proposer des solutions basées sur la nature pour renforcer ce potentiel. Un outil indispensable pour atteindre la neutralité carbone.
Le numérique doit aussi se transformer
Le numérique est ainsi une des clefs de voûte pour dessiner les villes durables, mettre en œuvre les mobilités du futur, concevoir, réaliser et exploiter des ouvrages dans un contexte de ressources contraintes. Pour autant, Il faut bien avoir conscience qu’avec le numérique, nous sommes face à un paradoxe. La technologie nous permet de mieux appréhender la complexité des défis auxquels nous sommes confrontés et d’y apporter des réponses. Mais dans le même temps, le numérique a une empreinte environnementale forte. Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde (deux fois plus que le secteur de l’aviation). La part de l’énergie consommée par le numérique augmente de 6 % par an, d’après le rapport 2020 du Shift Project. Le numérique doit aussi se transformer. Il faut donc développer à la fois l’IT for green mais aussi le green IT et travailler sur la sobriété numérique.
Vers un nouveau modèle de prospérité
C’est donc l’alliance de la technologie ET l’avènement de nouveaux modèles de prospérité s’appuyant sur des évolutions de comportements et de pratiques qui nous permettront de ‘basculer’ dans une nouvelle ère centrée sur le bien-être humain et le respect des milieux naturels.