Les hôpitaux sont des institutions vitales pour la santé publique, offrant des soins à des millions de personnes chaque année. Cependant, il est important de reconnaître que l'architecture et les infrastructures hospitalières ne peuvent à elles seules résoudre tous les problèmes auxquels les systèmes de santé sont confrontés. L'idée de "ne pas demander l’impossible aux murs de l'hôpital" souligne la nécessité d'une approche holistique qui intègre non seulement une architecture bien pensée mais aussi des politiques de santé, de ressources humaines et de technologies adaptées.
Que peut l’architecture pour l’hôpital ?
L'architecture hospitalière joue un rôle primordial dans la fonctionnalité des établissements de santé.
Une conception bien pensée induit une efficacité opérationnelle : rapidité et fluidité des déplacements pour les patients, minimisation des trajets superflus pour le personnel médical, et efficacité des circuits d'urgence.
Des surfaces judicieusement maîtrisées, bien implantées et adaptées à leur utilisation participent aussi à la qualité et à l’efficacité des soins.
Concernant le confort des espaces, il apporte convivialité et bien-être, rassurant les patients et rendant l’hôpital plus attractif : ergonomie des espaces, absence de nuisances sonores, qualité de l’air, éclairage naturel, accessibilité. Une conception modulaire permet en outre de reconfigurer facilement certains espaces pour s'adapter rapidement aux variations des besoins de soins, comme lors d'un afflux de patients en période de crise sanitaire.
Par ailleurs, l'intégration de technologies avancées et de systèmes de gestion numérique optimise l'utilisation et la lisibilité des espaces hospitaliers, réduisant ainsi le stress pour les patients, le personnel et les visiteurs. La digitalisation et l’automatisation facilitent, quant à elles, la fluidification du parcours de soins et le cheminement du patient dans l’hôpital : partage d’un dossier patient unique géolocalisation, bornes interactives, gestion des files d’attente, et modifient les besoins spatiaux : télé expertise, prises de décisions collaboratives, chirurgie robotisée, distributeurs automatiques de vêtements, véhicules à usage automatique AGV (Automatic Guided Vehicle) …
Cependant, même la meilleure architecture a ses limites. La conception des hôpitaux doit également tenir compte de nombreux autres facteurs externes pour fonctionner de manière optimale.
De quoi l’architecture est tributaire ?
Une mauvaise prévision de l’évolution des pathologies, du vieillissement de la population et d’éventuelles pandémies conduit souvent à des structures inadaptées. Et une démographie médicale libérale en baisse induit un recours de plus en plus fréquent à l’hôpital.
S’ensuit qu’une prévention encore trop peu développée et méconnue par la population a comme répercussion des prises en charges trop tardives. Ces facteurs additionnels amènent alors à une saturation des établissements de santé dont l’architecture ne peut être rendue responsable. S’ajoute à cela une pénurie des ressources médicales et paramédicales, en opposition à des architectures souvent trop ambitieuses ou surestimées dans leurs besoins.
Face à ce constat et pour véritablement améliorer les soins de santé, une approche holistique est nécessaire.
Pour une approche holistique
Bien avant la conception du bâtiment, certains prérequis sont indispensables.
D’abord, une politique de santé adaptée et rationnelle, sur laquelle les établissements peuvent s’appuyer pour élaborer leur projet médical, et qui devient une base essentielle pour l’écriture du programme immobilier et la conception des hôpitaux.
Ensuite, une bonne répartition des activités médicales entre les établissements d’un même territoire facilite les prises en charge et leur efficience. Un financement adéquat et bien distribué est aussi nécessaire pour soutenir les infrastructures et les ressources humaines.
Enfin, une gestion optimale des ressources humaines est également essentielle pour rendre efficace les espaces hospitaliers et donc les soins.
Ces prérequis doivent encore s’accompagner d’une sensibilisation des acteurs hospitaliers à une utilisation responsable des ressources immobilières, dans le respect de l’organisation fondatrice de l’établissement à l’occasion de travaux.
Les hôpitaux sont essentiels à la population , mais à l’évidence, leur architecture seule ne résout pas tous les problèmes de la Santé. On voit donc bien, après ces quelques considérations, la nécessité d’aller plus loin que l’architecture et d’étendre l’hôpital au-delà des murs.
En définitive, il convient de se diriger vers un juste équilibre des responsabilités entre les murs et les acteurs de la santé au travers d’une approche globale.