Paris-Beauvais et Bergerac, des pratiques vertueuses dans des espaces sensibles
Situé dans un milieu péri-urbain, Aéroport Paris-Beauvais voit plus de 75% de son emprise couverte par des prairies, véritables zones réservoirs par leur richesse faunistique et floristique. L’aéroport est membre de l’association et du conseil d’administration d’Aéro Biodiversité depuis 2019. Depuis le début des inventaires en 2022, plus de 300 espèces végétales et animales ont été observées. Comme Pau, Paris-Beauvais pratique la fauche différenciée selon les surfaces et la proximité avec la piste. En 2025, l’aéroport met en place trois zones refuge pour la petite faune.
Les liens entre biodiversité et activités aéronautiques deviennent parfois des synergies inattendues. En complément des effaroucheurs acoustiques habituels visant à limiter le risque aviaire, l’aéroport a recours à des rapaces pour effaroucher les oiseaux de manière plus naturelle et efficace, tout en s’appuyant sur les compétences d’associations locales. Cinq fauconniers et trois espèces d’oiseaux différentes (le faucon américain, la buse de Harris et la buse à queue rousse) interviennent ainsi sur l’aéroport, afin de renforcer la sécurité aéronautique. Il s’agit toujours de dissuader certaines espèces de s’approcher des pistes et non de les attaquer, les rapaces sélectionnés et entraînés n’étant pas des oiseaux de chasse. Par ailleurs, de jeunes oiseaux qui courent le risque d’une collision et peuvent être en danger près des pistes sont récupérés et déplacés vers d’autres milieux, en partenariat avec l’association Picardie faune sauvage.
L’Aéroport de Bergerac Dordogne Périgord est quant à lui constitué de prairies, de zones humides et d’un milieu arboré peu commun au sein d’une zone d’emprise aéroportuaire, ce qui favorise le développement d’une faune et flore particulièrement diversifiée.
Plus de 45 espèces d’oiseaux ont été recensées en 2024, dont plus des trois quarts sont protégées nationalement comme l’élanion blanc, la cisticole des joncs ou encore la pie-grièche écorcheur. Côté amphibiens, trois espèces ont été recensées, dont le crapaud calamite dont l’espèce est strictement protégée à l’échelle européenne qui trouve sur l’aéroport de Bergerac un site de reproduction. Aéro Biodiversité a souligné en 2024 des pratiques de gestion vertueuses qui ont permis la conservation de ce patrimoine.
Des modes de gestion utiles à la sensibilisation et à l’exploitation
L’accompagnement par Aéro Biodiversité permet aux aéroports du réseau Egis de bénéficier de conseils de gestion des espaces naturels et herbacés, tout en prenant en compte les contraintes de l’exploitation, en particulier celles liées à la sécurité aérienne.
À Pau-Pyrénées, les observations faunistiques et les relevés de hauteur de végétation ont permis d’adapter le plan de fauche, en intégrant des mesures de gestion différenciée par zones : période de travail, hauteur de coupe, échelonnement des campagnes de fauche. L’application de ce nouveau mode de gestion a concouru à la diminution du nombre de collisions aviaires et possiblement à l’amélioration des conditions de préservation. En parallèle, la gestion et le suivi de la biodiversité sur des strates végétales et des zones humides jouent sur l’attractivité des zones et écarte le risque animalier des aéronefs. L’aéroport bénéficie enfin de conseils sur la gestion des espèces invasives et la mise en place de mesures favorables au retour de certaines espèces d’oiseaux menacés.
Les inventaires naturalistes menés dans le cadre du label “aérobio” sont construits à partir des observations conduites sur le terrain lors des visites des écologues de l’association, mais également par les équipes de l’aéroport, soit dans le cadre de la mission de prévention du risque animalier soit par la mise en place de protocoles de sciences participatives, ou bien encore de manière opportuniste. Ces inventaires et protocoles sont une démarche particulièrement enrichissante qui permet de sensibiliser les équipes aux questions environnementales. Cela permet aussi de présenter l’aéroport sous un nouvel angle. Les visites de terrain sont ouvertes aux équipes et partenaires, qui découvrent souvent avec surprise que le terrain aéronautique n’est pas une simple bande verte mais qu’il fourmille de vie.
Pau-Pyrénées envisage ainsi la possibilité d’ouvrir aux administrations et aux collectivités du département qui ont des problématiques communes notamment sur la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, ainsi qu’au grand public pour des actions de sensibilisation.
Les espaces tels que les prairies d’aéroports, s’ils sont bien entretenus et dotés de sols riches, constituent par ailleurs des puits de carbone, contribuant aux objectifs de séquestration des aéroports. Un levier important dans l’atteinte des niveaux élevés d’accréditation carbone comme l’ACA 5. Evaluer ce volume de séquestration et chercher à l’optimiser par une meilleure gestion des sols et des espèces botaniques comme le propose la solution Soil.is d’Egis permet de mesurer combien ces espaces contribuent à compenser les émissions des aéroports, dans lesquels se développe cette biodiversité. Egis teste actuellement la capacité de séquestration des sols avec l’utilisation de biochar dans le cadre du programme européen TULIPS. La poursuite des objectifs de réduction, d’évitement et de compensation carbone par les aéroports joue donc aussi en faveur de la biodiversité.
La prise en compte de la biodiversité par les aéroports peut apparaître pour le grand public comme une démarche accessoire destinée uniquement à verdir leur fonctionnement. Sur les aéroports volontaristes, la mise en place d’une politique de préservation de la biodiversité repose sur une démarche scientifique cadrée, structurée et évaluée. La mise en valeur de la plateforme ne peut pas se limiter à des mouvements d’avions, c’est aussi un territoire avec ses caractéristiques, son milieu vivant et leurs interactions (monde agricole, activités humaines, espaces naturels) qui doit être pris en compte. Un objectif de développement durable associé à des gains opérationnels concrets que les aéroports du réseau Egis entendent poursuivre ces et renforcer dans les prochaines années.