Le cœur technique
Le cœur de l’écosystème se concentre sur les activités « chaudes » et regroupe l’excellence, les technologies les plus avancées et les équipements les plus sophistiqués, la technique la plus exigeante, ainsi que les ressources expertes et rares pour offrir les meilleurs soins aux patients les plus critiques et les cas les plus complexes et exigeants. Organisé autour des urgences, de l’imagerie, des sites interventionnels et des soins critiques, il s’articule selon la typologie des flux qu’il accueille, donnant lieu à une sectorisation disposant de ses propres accès. Il se compose ainsi d’un secteur urgence, un secteur programmé et un secteur à forte rotation. Il est connecté, de manière plus ou moins directe et immédiate selon la nécessité, à des tiers lieux qui constituent les points d’entrée au cœur technique.
Bâtiment technique, il est constitué d’une structure « libre » et de façades préfabriquées démontables offrant une grande liberté d’installation et de réorganisation de modules qui viennent se connecter en plug&play sur des totems d’innervation technique. Les modules ou groupes de modules embarquent leurs propres besoins techniques immédiats, les installations du bâtiment viennent les compléter, les connecter entre eux et assurer les besoins généraux via les totems. Une artère générale relie les totems techniques à un pôle énergie extensible et remodelable. Des réserves foncières en périphérie du bâtiment permettent de prolonger les totems et d’étendre la structure pour ajouter des modules.
Les tiers lieux
Le premier tiers lieu de l’hôpital est le domicile avec l’Hospitalisation À Domicile (HAD) et une médicalisation de plus en plus poussée hors de l’hôpital. L’activation des sorties en moins de 24h, l’usage du numérique et l’e-santé vont permettre de dynamiser l’activité de l’HAD comme l’expose le très instructif panorama international réalisé par l’ANAP : « HAD :(R)évolutions en cours, innovations mondiales, défis français » qui questionne l’hôpital virtuel et la chambre intelligente (téléchargeable sur le site de l’ANAP). Ce développement va renforcer le rôle du cœur technique qui doit assurer la coordination, la projection et le pilotage avec des moyens, des ressources et une organisation dédiés; un cœur technique qui est aussi un centre de coordination opérationnel, une tour de contrôle et de surveillance. Notre intervention doit permettre d’intégrer cette dimension numérique au cœur technique afin qu’il supporte toutes les technologies nécessaires aux usages digitaux, le stockage, la sécurisation avec notamment des datacenters permettant une haute disponibilité et une sécurité maîtrisée des données et des flux. Nous devons également accompagner la projection de l’hôpital au domicile avec un impact sur la conception et l’équipement des bâtiments de logements.
L’ambulatoire, thérapeutique comme diagnostic, s’organise en d’autres tiers lieux, des centres ambulatoires, autonomes, rassemblés ou non en fonction de la nécessité d’une prise en charge croisée et pluridisciplinaire, en réseaux, toujours connecté au cœur technique mais en accès aisé pour le patient, en proximité du domicile ou du travail, totalement intégré dans le tissu urbain. Ces centres donnent lieu à diverses typologies de bâtiments, de la maison de santé pluridisciplinaire plus simple aux centres de radiothérapie, d’imagerie, de rééducation ou de chirurgie ambulatoire plus techniques. L’échelle de ces bâtiments permet toujours de veiller à la qualité de l’accueil, au bien-être du patient et du personnel, au confort, à l’accès à la lumière, à une meilleure intégration dans la ville et son environnement immédiat. L’évolutivité est assurée par la duplication, le regroupement, le fonctionnement en réseaux des centres ambulatoires eux-mêmes conçus à partir d’espaces standardisés, en capacité d’accueillir des usages multiples, reconfigurables.
Si comme nous l’avons vu précédemment les alternatives se développent, les hospitalisations restantes sont organisées en bâtiments indépendants et positionnées en proximité du cœur technique ou des centres ambulatoires en fonction des nécessités de prise en charge et de médicalisation. Ils se présentent comme des hôtels patients, avec des dimensions domestiques et des codes hôteliers pour un accueil et un confort optimum. Ils disposent de ressources humaines, médicales et matérielles avec une graduation cohérente à la prise en charge et sont virtuellement connectés au cœur technique et disposent de personnel soignant. Aux concepteurs d’offrir une expérience patient qui sorte de l’univers aseptisé et anxiogène de l’hôpital en puisant dans leurs références et expériences hôtelières avec des espaces, des ambiances et des matériaux qui vont participer au confort et au bien-être de tous.
L’ensemble des espaces tertiaires sont quant à eux regroupés dans des bâtiments exclusivement tertiaires, organisés comme un réseau d’espaces polyvalents, individuels comme collectifs, connectés et conçus pour apporter bien-être, créativité, échanges et coopérations. Ils s’installent à proximité immédiate des lieux de travail du personnel tout en leur garantissant un environnement différent et préservé. Ils peuvent accueillir d’autres entités, d’autres univers professionnels pour accompagner le décloisonnement de l’hôpital et son intégration dans la ville.
La recherche s’inscrit dans le principe des espaces tertiaires dans la limite de la technicité de ses laboratoires. Pour les laboratoires les plus techniques et exigeants, la proximité avec le cœur technique sera nécessaire.
Les fonctions supports ont vocation à se regrouper par usage, à concentrer les processus et à s’organiser pour une gestion des flux d’approvisionnement automatisés et optimisés. Les entités éparses constituant l’hôpital n’intègrent que des antennes et des stockages secondaires alimentés depuis les plateformes principales de distribution et les sites de production.