La lumière au bout du tunnel
Néanmoins, et de manière peut être contre-intuitive, le passage à la gratuité n’a pas représenté un enjeu financier si important pour les réseaux l’ayant mis en place. Les différentes études concluent à des décisions "mûrement réfléchies” et rationnelles économiquement. A la faveur de calculs économiques, certains réseaux disposaient de coûts d’investissement, de contrôle des titres de transport et de billettiques parfois supérieurs aux recettes voyageurs. Ces réseaux, généralement petits et moins utilisés que d’autres de tailles similaires, en ont ainsi profité pour redynamiser leur image et leur attractivité permettant par la même occasion un accès universel à leurs services.
Il ressort également que la perte des recettes voyageurs ne représente pas une barrière infranchissable pour un certain nombre de petits réseaux, en particulier ceux dont le taux de couverture est inférieur à 15%. Le versement transport et le réassignement de certains budgets suffisent pour compenser la perte des recettes voyageurs. Les agglomérations disposant d’un versement transport important grâce à une activité économique intense sur le territoire, cas de Dunkerque, se voient ainsi facilitées dans le passage à la gratuité.
Lorsque l’on s’intéresse à l’impact de telles mesures sur les réseaux concernés, processus indispensable à la bonne évaluation de la mesure, il en résulte selon les retours d’expériences une forte augmentation de la fréquentation au moins lors de la première année ainsi qu’une évolution de la fréquentation des réseaux concernés. Le nombre de voyages augmente particulièrement le mercredi ou le samedi ainsi que les jours d’événement, traduisant le captage de voyageurs occasionnels et probablement de familles avec enfants. La baisse de fréquentation des vacances scolaires est également moins prononcée. Enfin, la mobilité des publics populaires s’en trouve augmentée, tout comme celle des jeunes et des publics âgés.
A Montpellier, la gratuité a permis une augmentation nette de la fréquentation de plus de 17% alors que la tendance nationale sur la même période a été une baisse de 15% du fait de la pandémie de Covid. A Dunkerque, c’est une augmentation de 85% du nombre d’usagers qui est constatée avec comme principale explication de ce changement d’habitude, la gratuité, qui est citée dans 80% des cas.
Malgré des effets certains sur la fréquentation des réseaux, et un caractère social évident et mesurable, les bilans semblent contrastés concernant l’impact écologique jugé parfois nul avec un possible report des mobilités actives et une captation faible des usagers de la voiture.